“Après plus de 10 années d’exercice à plaider en faveur de militants animalistes, ni ma collègue Hélène Thouy ni moi-même n’avions été confrontées à une telle atteinte aux droits de la défense et à un tel comportement d’une juridiction.”
confie Caroline Lanty, avocate des militants inquiétés.
C’est un procès expéditif qui s’est déroulé mardi 21 mai au tribunal de Clermont-Ferrand. Trois militants de l’association animaliste et écologiste Earth Resistance étaient accusés d’avoir pris part à une action visant le Sommet de l’Elevage le 17 septembre 2018. En raison d’un dysfonctionnement grave dans les transports, l’avocate des militants n’avait pu se rendre à Clermont-Ferrand. Elle en avait immédiatement informé le Président du Tribunal, le Procureur et les avocats de la partie civile et avait sollicité le renvoi de l’audience à une date ultérieure.
Pourtant, le Tribunal n’a pas hésité à juger en leur absence et en l’absence de leur avocate les 3 militants de l’association.
Les prévenus n’ont pas pu faire valoir leur défense. ils ont été jugés sans avoir pu être entendus et défendus, et ont été condamnés à 500€ d’amende chacun, plus un forfait solidaire de 3 100€ de préjudices et frais de justice en faveur du Sommet de l’Elevage.
L’avocate de l’association a immédiatement fait appel de ce jugement “C’est insupportable et attentatoire aux droits de la défense alors que le Tribunal était parfaitement informé de la situation”.
rappelle Caroline Lanty
En octobre 2018, le tribunal de Clermont-Ferrand s’était déjà distingué par le même procédé à l’encontre de l’association. Earth Resistance s’était vue condamnée par une ordonnance de référé à 10 000€ d’amende par activiste et par infraction pour toute tentative d’entrave au bon déroulé du Sommet de l’Elevage. Une décision d’une sévérité remarquable qui avait été prise sans la présence des représentants de l’association. Nous avions, pour l’occasion, organisé un happening “Justice en Carton” devant le palais de Justice.
Earth Resistance est entrée, depuis deux ans déjà, dans un véritable bras de fer avec le Sommet de l’Elevage. Véritable concile de l’agro-industrie, il se tient chaque année à Clermont-Ferrand et cristallise ce que dénoncent les défenseurs des animaux, de l’environnement, et des droits humains en faisant l’apologie d’un système polluant (l’ONU identifie l’élevage comme l’une des principales causes du changement climatique), délétère pour les éleveurs (la Mutuelle Agricole recense en moyenne un suicide tous les deux jours, principalement des éleveurs) et sourd à la souffrance animale.
Emilie Pujol , la présidente de l’association, s’interroge et se demande ce qui justifie qu’une telle vague de répression s’abatte sur une association non-violente.
Plutôt que “faire face à ses responsabilités” le Sommet de l’Elevage semble davantage décidé à silencier les paroles dissidentes.